Trou noir, ou à la recherche de la sexualité perdue.
J’ai perdu ma sexualité.
Je ne suis plus guère qu’un morceau de viande honteuse d’être nue, honteuse de mes désirs et de ma chair. Je n’ose plus laisser libre cours à mes fantasmes sinon à mon imagination. Je suis devenue exclusivement binaire : va et vient. Point barre.
Je me foutais bien d’être la prostituée, attendu que le regard de l’autre témoigne d’un putain de désir. J’étais entreprenante lorsque l’envie m’en prenait et aventurière à mes heures perdues.
Et j’en pleure parce que j’ignore ce qu’il s’est produit pour n’être devenue qu’un trou inerte, paralysée devant l’éventualité d’être jugée voire condamnée pour ce que je fais au pieu. J’ignore d’où provient la fuite d’assurance sexuelle dont je jouissais auparavant.
Alors j’appréhende le sexe. Je tourne autour, j’esquive, ou j’enclenche le mode binaire. J’en ai assez d’avoir besoin d’être rassurée, assez d’avoir peur de risquer d’être risible, assez de me sentir aussi sensuelle qu’une vodka glacée, et assez de ne pas arriver à l’exprimer.
Ainsi je romps temporairement toute communication sexuelle, et ne fais plus qu’un avec ma couette.