Péché mignon, ou massacre à la tronçonneuse
Le meilleur mot pour qualifier ce dont je parle est : pulsion.
Exemple trivial :
Vous ressentez une sensation neurologique très désagréable qui réclame une réponse imminente de votre part :
- Une piqûre d’insecte vous démange avec insistance.
Vous usez de n’importe quel moyen pour soulager cette sensation [mains, visage, asperge].
Vous prenez parfois grand plaisir à assouvir cette pulsion, tellement elle était vigoureuse.
Modèle du phénomène [wiki] :
1. La source de la pulsion, qui trouve toujours son origine dans le corporel et qui se traduit par une tension.
2. Le moteur interne qui exerce la pulsion vitale.
3. Le but, que soit visé un état actif ou passif.
4. L'objet de la pulsion, c'est-à-dire le moyen [peu importe lequel], qu'elle trouve pour s'accomplir et ainsi faire baisser la tension
Application :
Mes moyens d’assouvir cette pulsion dont je fais épisodiquement l’objet impliquent une certaine notion de destruction :
- Aspirateur-à-pharmacopée.
- Boulimie-réversible.
- Autoagressivité.
Forcément, je me tourne vers ce qui est disponible dans l’instant.
La boulimie possède un statut un peu à part. Elle est assez peu efficace, mais sert de pansement stable.
L'avale-pharmacie reste le grand favori, mais cela peut s’expliquer par la dépendance occasionnée par le produit [et aussi par l’efficacité éclair de la substance magique].
Les sensations qui appellent à une réponse arrivent généralement suite à certains évènements impliquant l’Autre.
Ces évènements peuvent être en toute objectivité mineurs, et j’admets que mes réactions émotionnelles sont tout à fait disproportionnées.
Je n’arrive toutefois pas toujours à identifier l’évènement déclencheur. Et puis il y a une certaine honte à constater que certaines choses dites, faites [ou au contraire l’absence de choses dites ou faites] occasionnent une si grande réaction. A la réflexion, c’est l’absence, justement, qui provoque le plus de dégâts.
Mouais, tout ça, ça a la gueule d'un vide affectif à une estime de merde, classique.
La solution serait donc, logiquement, de combler les vides affectifs par autre chose qu’un acte impulsif ridicule et destructeur. Et par quoi, mesdames, messieurs, comble-t-on un vide affectif ? Diantre, mais c’est bien sûr, par de l’affection !
Sauf que.
On ne remplace pas une envie de courgette par un avocat, aussi bon soit-il.
Encore faut-il savoir à quoi/qui correspond la courgette.
On me dit dans l’oreillette que par la volonté, on peut lutter contre ces passages à l’acte.
Ca ne doit pas être si faux que ça, après tout, ce ne sont que des moyens envers lesquels on développe une dépendance. La volonté, ça permet effectivement d’arrêter la clope, si je ne m’abuse.
D’accord, sauf que les mécanismes qui induisent à la dépendance nicotine sont quand même plus simples. On devient accro à la cigarette parce qu’un jour, on a essayé de fumer comme les grands. Nul vide affectif à la source, là dedans, donc la dépendance s’arrête en s’abstenant de fumer, purement et simplement. [Et quand on voit le nombre de fumeurs qui ne parviennent pas à régler leur manque de nicotine…]
Après, quand une courgette atomique [le vide affectif] vous pousse à trouver un moyen de vous soulager, et que vous ne pouvez pas arrêter ce besoin, ça devient légèrement plus ardu. Vous pouvez arrêter de vous mutiler, ça n’arrêtera pas la bourrasque d’émotions pénibles provoquées par l’absence de ma bien aimée courgette.
Ci gît ma déclaration d’amour destinée à Courgette, créature source de prodigieux émois :
Va te faire foutre.
[Et accessoirement, tu dois être dégueu en gratin.]