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Introspections et tergiversations d'un esprit troublé
5 janvier 2006

Arme de destruction massive

Voici un mécanisme de destruction massive dont je suis particulièrement fière, car excessivement efficace.
Parce qu’un exemple vaut mieux qu’un long discours, je vais vous en fournir quelques uns :


Mise en situation n°1 :
Je suis satisfaite, j’ai passé pas mal d’heures sur ce dessin avec la colorisation.
C’est la 1ère fois que je dessine une paire de fesse, je la trouve réussie. Surtout que mon intention était juste d’en esquisser vaguement les formes.
Le résultat est supérieur à mes attentes.

Un homme rencontré tout récemment me demande de le lui envoyer.
« Je m’attendais à quelque chose de fameux. Mais la colorisation est vraiment pas mal fichue ». « C’est simple et épuré ».
Une critique, une opinion.
Je devrais être satisfaite de l’aspect positif, et méditer la critique de façon constructive.
Mais non, rien n’existe à part « Je m’attendais à quelque chose de fameux. »
Ce n’est pas fameux.
J’en suis satisfaite, mon niveau est donc très bas.
Les autres, quand ils me disent le contraire, sont hypocrites.
Il a raison, c’est vraiment mauvais.
Je n’ai aucun talent pour dessiner.
Je suis juste présomptueuse.
J’ai une trop haute opinion de moi-même.
Je ne devrais même pas avoir eu la prétention de le montrer.
Je n’ai aucune disposition pour tout ça.
Plus jamais je ne montrerai de dessins, ça n’en vaut pas la peine.
Je suis ridicule.


Mise en situation n°2 :
J’ai envoyé un mail à quelqu’un que je ne connaissais pas. J’y ai formulé une demande, j’attends donc une réponse.

Deux jours plus tard, toujours pas de réponse.
Pourquoi il ne répond pas ?
Il ne trouve aucun intérêt à répondre.
Mon mail l’a ennuyé.
Il me trouve inintéressante.
Je m’étais appliquée.
Je n’aurais pas dû avoir la prétention de lui parler.
Il m’a trouvée ridicule.
Je suis nulle. J’ai honte.
Je suis en colère contre moi-même, qu’est-ce qui m’a prit d’oser espérer qu’il me réponde, à moi ?

Toutes ces pensées s’accompagnent de : 
Tension à l’estomac, incapacité à penser à autre chose, humeur au plus bas, irritabilité, destruction de toute assurance, larmes, puis pensées suicidaires. Cet évènement isolé et minime a des conséquences sur mon quotidien.

Le lendemain, je recevais une réponse.
Son arrivée déclencha, évidemment, une euphorie, une joie et un enthousiasme à la mesure de mon état précédent.


Mise en situation n°3 :
Quelqu’un avec qui je parle depuis quelques temps sur le net passe demain à Paris. Il a demandé à ce qu’on se rencontre. Je pense lui plaire ; évidemment, ça me fait très plaisir.
Je fais mon possible pour m’arranger, j’ai peur de le décevoir, même si pour moi, il ne représente qu’un ami que j’apprécie.

La rencontre a lieu, ça se passe bien.

A ceci près qu’ensuite, une fois rentrée, je cogite.
Est-ce que je lui ai autant plu que virtuellement ?
Il ne m’a pas fait de compliment, comme à son habitude.
Je ne lui ai donc pas plu, visiblement.
Il a été déçu.
Il m’a trouvée laide.
Je suis laide.
Je n’ai pas été intéressante.
Il ne me parlera plus, c’est certain.
Pourquoi ai-je espéré lui plaire ? C’était ridicule.
Bien sûr que je suis laide.
Je suis nulle, quand on me voit.
Je ne verrai plus personne rencontré sur le net.
Je veux changer.
Je donnerai n’importe quoi pour être quelqu’un d’autre.
Larmes, boule à l’estomac, honte, pensées suicidaires.

Le surlendemain, cet ami en question m’aborde :
« T’es vraiment canon ».



Généralisations :

Ce processus est très vicieux.
Il semble qu’à la moindre interprétation négative que je fais, une flopée d’émotions douloureuses font leur irruption pour m’abattre. Puis, la somme d’une pléthore d’expériences pénibles ressurgissent pour venir me conforter dans ma thèse dépréciative.

Toute confiance en moi ou autre assurance est ainsi éradiquée et réprimandée par une honte coupable.

Mais il semble que ce mécanisme ait de lourdes répercussions sur mon entourage, ainsi que sur l’individu source de mon « changement d’humeur ».
En effet, mon humeur s’en trouvant affectée [colère, irritabilité, provocation, paranoïa, honte, désolation, etc.], il est évident que mon entourage en subisse des conséquences, et puisse être victime de ma … « mauvaise disposition ».
Par ailleurs, l’individu source sera lui, irrémédiablement considéré comme supérieur à ma personne, hostile à mon infériorité.

Pourquoi mettre autant d’énergie à me dénigrer ?
Suis-je coupable d’une quelconque faute dont je voudrais me punir ?

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Commentaires
I
Merci bien ^^<br /> Hum, 'féminité' a l'air chargé de sous entendus... :p
S
Je tiens à te féliciter pou ton blog, je l'ai trouvé chargé d'humour et de... féminité lol <br /> <br /> sandwich
I
Peut être, je ne sais pas trop.<br /> Mes expériences homosexuelles ont été trop brèves et trop peu nombreuses, aussi je ne peux pas me prononcer. Il faudrait que j'en ai une plus "engagée" pour réellement te dire...
A
Dessin et colorisation très réussiS, dusse ton égo en souffrir...je suis à la fois mon juge et mon bourreau;<br /> quant à ton attirance pour les femmes, je n'ai rien ressenti de sexuel..Une femme belle est naturellement agréable à regarder;je pense qu'elle te sert de miroir, mais tu ne fais pas confiance à l'image que tu en perçois.<br /> Moi qui suis mâle parfaitement à l'aise dans mon identité sexuelle, je suis souvent très ému par la vue d'un bel homme nu...je crois que je suis tout simplement sensible à la beauté quelle qu'en soit la forme.<br /> <br /> aLEC, http://xrayz.canalblog.com
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